Traduit par La servante d’Allah
Nous attendons vos retours sur la victoire d’Erdogan et la joie de beaucoup de monde, une joie que je considère comme inappropriée, comme si elle était superflue et déplacée.
Quel est le statut de la joie des musulmans à cet égard, et comment se réjouissent-ils ?
Qu’Allah vous salue et vous bénisse,
La victoire d’Erdogan aux élections présidentielles en Turquie est meilleure que celle de son rival, an-Nusayri Kiliçdaroglu, cela ne fait aucun doute, compte tenu des détails de la scène turque actuelle.
Et nous ne blâmons personne pour la joie, car les musulmans se sont réjouis des victoires qui étaient dans leur intérêt, comme dans les paroles d’Allah Tout-Puissant : ﴾Les Romains ont été vaincus, dans le pays voisin, et après leur défaite ils seront les vainqueurs, dans quelques années. A Allah appartient le commandement, au début et à la fin, et ce jour-là les Croyants se réjouiront, du secours d’Allah. Il secourt qui Il veut et Il est le Tout Puissant, le Tout Miséricordieux.﴿ )[Sens du Coran, sourate Ar-Rum].
Il n’y a rien de mal à exprimer de la joie pour la victoire d’Erdogan, mais ce que l’on entend par joie ici est une joie rationnelle, raisonnable et modérée, pas la joie des aspirations trompeuses, ni celle qui trompe les musulmans. Ce n’est pas la joie exagérée qui fait de cette victoire l’établissement du califat islamique sur Terre !
Il faut plutôt traiter l’événement dans sa vraie dimension, sans l’alourdir de plus qu’il ne porte. Nous ne devons pas construire nos perceptions à son propos à travers ce que nous espérons et souhaitons, mais plutôt à travers ce que nous regardons et voyons !
Parce que la victoire d’Erdogan, bien qu’elle soit la meilleure disponible, ne sera pas également sans effets négatifs sur les musulmans, comme nous l’avons déjà vu auparavant lorsque les intérêts de la Turquie sont en conflit avec les intérêts de la nation musulmane, la Syrie en est un exemple.
Le contemplateur de l’histoire, de la réalité et de la politique de la Turquie tout au long de la période du règne d’Erdogan se rend compte que cet homme a son propre projet national turc, pour lequel il emploie toutes les raisons et tous les facteurs auxiliaires, et poursuit pour y parvenir une politique pragmatique dans laquelle il gagne des alliés dans toutes les directions et en tous lieux, et tout comme il a apaisé les pays hostiles avec sa politique, il a également attiré de nombreux politiciens islamistes ayants échoué dans leur propre pays, et a profité de l’opposition politique islamique en tout lieu pour soutenir son projet.
Et on ne lui reproche pas de fournir des efforts pour son projet, mais il est de la jurisprudence et la perspicacité de ne pas le dépeindre comme un leader héroïque qui réalisera tous les rêves de la nation musulmane. C’est une perception immature et hâtive, voire une indication de l’ampleur du désespoir qui a possédé les cœurs qui s’accrochent à toute lueur d’espoir !
Loin ici de la norme de l’origine juridique (islamique), dans lequel il n’est pas correct de s’appuyer sur le polythéisme ou une violation dogmatique, comme c’est le cas avec la démocratie, comment pouvons-nous attendre de lui de trouver une solution magique aux problèmes de la nation musulmane alors qu’il procède d’une manière soumise aux diktats de la laïcité et de la démocratie, même dans les meilleures attentes le président turc ne pourra pas durant sa dernière présidence (qui n’excédera pas 5 ans) réaliser de grands intérêts pour les musulmans, pour leur renaissance et leur avancement, comme le souhaitent et le promeuvent les partisans du projet turc, d’autant qu’aujourd’hui la moitié de son peuple s’y oppose, et cette moitié rejette la conception islamique ou le projet islamique dans son ensemble.
Par conséquent, la modération dans la joie est nécessaire ici, pour atténuer tout impact de choc plus tard lorsque les gens se heurteront aux pouvoirs limités d’Erdogan, sur lesquels ils comptent d’une part, et lorsqu’ils se heurteront à sa méthode et à la nature de ses objectifs déclarés, qui exigent l’identification au blâmable et l’opposition aux principes de la religion islamique. Voire cela nécessite même d’offrir des offrandes aux dépens des musulmans afin de réaliser l’ascension turque.
Dans les prochains jours, la politique que le président turc adoptera se précisera, et elle ne changera probablement pas de l’approche du pragmatisme pour apaiser les tensions au sein de la rue turque et pour accueillir les aspirations turques dans le cadre de la formation du nouveau système international.
Désormais, dans toute mesure qu’il prendra, Erdogan tiendra compte de l’opposition de la moitié du peuple à son encontre, et il ne risquera pas une révolution contre lui ou des actes de violence qui tenteraient de renverser son régime, par conséquent, il essaiera d’accommoder l’opposition autant que possible, ce qui signifie que ses pas seront limités.
Mais cela signifie-t-il que les intérêts attendus de son maintien au pouvoir sont inutiles ? En fait, ils sont utiles en termes de scène de conflit mondiale. Ce qui terrifie le plus l’Occident, c’est le fait que la Turquie se range du côté des ambitions russes et chinoises dans le nouveau système international, et la position d’Erdogan en tant que catalyseur pour la réalisation de la nouvelle formation du système international, qui limitera les pouvoirs de leadership de l’Amérique en son sein, est la chose la plus importante que nous attendons dans la prochaine étape.
Et parce que c’est dans l’intérêt de la gloire turque et de l’essor turc, il recevra très probablement le soutien populaire et l’accueil de tous les Turcs, surtout s’il fait revivre l’économie et réalise les promesses économiques que le peuple turc attend.
Mais au niveau local et régional, je crains que les décisions de la Turquie ne déçoivent de nombreuses attentes, notamment en Syrie.
Les dernières caractéristiques du plan qui est en cours d’élaboration aujourd’hui en Syrie, indiquent que la réconciliation est possible avec le régime et que les arrangements vont dans le sens d’une normalisation avec le régime criminel de Nusayri et lui donnent plus de légitimité pour continuer sa tyrannie sans rendre de comptes.
Cette scène est compliquée par le fait que la Turquie ne perdra pas l’axe russe et iranien et les grandes aspirations internationales dans le monde au profit de la Syrie. La pensée pragmatique n’hésitera pas à présenter le dossier syrien comme une offrande au profit de la montée en puissance de la Turquie, soutenue par la Chine, la Russie et l’Iran, et la formation d’un système multipolaire.
Il n’y a pas de doute pas que les partisans du projet turc justifient chaque injustice et chaque perte ici comme l’impôt de la gloire ! Cependant, selon la norme de l’islam, les jugements et les conclusions diffèrent, et c’est ce jugement auquel on se refère.
Afin de ne pas dévier du cœur de la question, dans cette réalité nous sommes confrontés à différents types de personnes heureuses :
Une classe qui porte les espoirs du projet turc, elle travaille dans ce projet, croit en ce qu’Erdogan fait corps et âme et se réjouit de chacune de ses victoires, et voit que la stratégie d’Erdogan est la plus forte et la plus appropriée, elle n’y voit pas une violation de la religion d’Allah Tout-Puissant, mais la justifie plutôt par la religion d’Allah, cette classe partisante n’acceptera pas les ambitions limitées du projet d’Erdogan pour réaliser les rêves de la nation musulmane, car il s’agit d’un partisan fanatique de son projet. Elle le dépeint comme étant l’ultime succès et disponibilité. C’est pourquoi sa joie ne peut pas être retenue! La frustration, le désespoir et la rupture sont à craindre pour ce type-là, lors de la première retraite et rechute du projet d’Erdogan. Je ne sais pas comment il agira quand le mandat d’Erdogan se terminera après cinq ans !
Et une classe qui voit Erdogan autrement que ce qu’il est réellement et que ce qu’il déclare, elle le voit plutôt avec les yeux de ses propres espoirs. Donc même si Erdogan dit “on la veut laïque”, elle dira “il la veut islamique”, et même si Erdogan commet une erreur et cause des pertes aux musulmans, elle dira ec’est plutôt du génie dont vous n’avez pas réalisé les dimensions !”
Vous verrez donc que cette classe refuse de voir la réalité à travers les lunettes de la vérité et des faits, mais plutôt la voit et la commente avec les lunettes de l’espoir. Si Erdogan avait annoncé l’alliance avec les sionistes, elle aurait dit qu’il soutenait la Palestine ! Et ce parce que cette dernière veut voir la victoire, elle veut voir le succès et s’accroche à un exemple dont se nourrit son espoir, vu les nombreuses expériences ratées dans la réalité des musulmans ! En réalité, il est difficile de conclure avec ce type, alors laissez-le apprendre de la réalité ! Sa joie ne peut être retenue également ! La frustration et le désespoir face à la première frustration d’un soutien attendu des Turcs sont à craindre pour lui également.
Et nous avons une classe de personnes qui se réjouissent pour chaque facteur aidant à soulager la souffrance des musulmans, comme c’est le cas en Syrie, et cette dernière est excusée et non blâmée, d’autant plus que cela ne va pas au-delà de l’envie de soulager le mal qui peut s’abattre sur les musulmans avec un gouvernement turc plus raciste et brutal. Et cette joie est contrôlée à l’origine parce qu’elle vit la réalité telle qu’elle est et s’occupe de ce qui est à sa disposition, elle n’espèrent pas ni se ment à ce sujet. On ne craint pas la frustration et le désespoir pour cette classe, car elle en a beaucoup vu à ce jour.
Et nous avons une classe qui s’est entraînée à coexister avec chaque événement, donc avec le rythme des événements elle se prépare au pire, cette dernière n’est pas affectée par les chocs car elle s’est décidée à travailler avec certitude et selon la guidée solide de l’Islam. Elle ne se met pas en colère pas, car elle compte sur son Seigneur, est patiente et attend les opportunités avec réalisme et perspicacité.
Je vois que la chose la plus importante sur laquelle les musulmans doivent s’instruire à cet égard est la parole de d’Allah Tout-Puissant (dont le sens est) : ﴾ afin que vous ne vous tourmentiez pas au sujet de ce qui vous a échappé, ni n’exultiez pour ce qu’Il vous a donné. Et Allah n’aime point tout présomptueux plein de gloriole.﴿, en effet nous traitons les événements avec réalisme, sans exagération ni sous-estimation, et c’est là le principe chez les musulmans, de ne pas se laisser entraîner dans une émotion creuse, accablante, qui peut être la cause de frustration et de désespoir dont il est difficile de sortir plus tard. La bonne gestion de cet événement consiste à bénéficier des résultats du règne d’Erdogan pendant encore cinq ans, nous demandons à Allah qu’il porte le bien pour cette nation en contribuant à briser les carcans de la domination occidentale et à mettre fin à l’hégémonie du pôle unipolaire.
L’homme sain d’esprit ne place pas tous ses rêves dans un projet dont on ne connait pas encore la débouchée, sa capacité à réaliser des changements prometteurs n’apparaît que sur le moment, et ses fondements juridiques sont fragiles ! D’autant plus que le changement est un projet colossal qui nécessite une stratégie aux piliers bien établis et une longue durée d’efficacité et d’influence dans tous les domaines et à tous les niveaux, au premier plan intellectuel. Et durant cinq années, Erdogan ne peut formuler, selon aucune stratégie, aussi supérieure soit-elle, une génération capable de réaliser un changement majeur dans le pays par le mécanisme de la démocratie !
Une preuve suffisante de cela est que les résultats des élections actuelles ont clarifié sans nul doute que les efforts d’Erdogan pour lui créer des partisans de l’intérieur de la Turquie, et tout ce qu’il a réalisé en termes de changement de la pensée des Turcs selon sa vision pendant son règne, étaient rencontré par d’autres efforts majeurs des laïcs pour confronter son projet ainsi que le rassemblement des opposants à sa pensée selon leur vision. De se fait, la résolution des élections présidentielles nécessitait un nouveau tour, et ses résultats étaient proches.
Cela nous ramène à une vérité très claire pour ceux qui réfléchissent aux expériences démocratiques avec impartialité et équité, car ce mécanisme a un effet limité et le maximum qu’on peut attendre de ses résultats, c’est de retarder le risque et atténuer le mal et le préjudice, et contribuer au principe de combattre (le mal) sur une base temporaire, d’une manière qui vise à réduire les dommages causés aux musulmans, pas plus.
Quant à la mise en place d’un projet islamique, ce ne sera pas par un régime occidental importé qui s’oppose à nous, nous concurrence et nous combat, soigneusement étudié pour faire avorter toutes nos chances de la majestueuse ascension islamique ! Bien au contraire, l’établissement du projet de l’islam se fait en revenant à nos pures origines et à notre héritage majestueux et en s’appuyant sur notre système islamique complet et global sans défaitisme, honte ou changement ! Plutôt, avec la fierté de notre identité, de notre héritage et des caractéristiques qui nous distinguent en tant que nation musulmane cherchant l’aide de son Seigneur le Très-Haut, fidèle à Lui le Tout-Puissant, et c’est ce que nous trouvons évident dans les textes du Coran, de la Sunna et de l’héritage des prédécesseurs. Deux personnes sensées ne diffèrent pas en cela.
C’est un projet dont la mise en place demande aussi une bonne lecture de la réalité et des expériences passées, une stratégie de préparation intelligente et patiente, ainsi que le respect de constantes, sinon il n’y a aucune valeur pour ce que nous faisons. Un nouveau régime non islamique émergera pour nous, et même s’il nous obtient quelques succès, ce n’est pas l’islam dont nous avant été ordonné d’établir son édification sur terre !
Cela ne signifie pas que nous demandons à Erdogan tout ce qui précède, nous connaissons la capacité de cette homme, sa condition, ses aspirations, ses moyens et sa réalité complexe, alors nous ne lui faisons pas supporter plus qu’il ne peut supporter, et parce que nous voyons la réalité du monde et les nombreuses expériences, l’histoire et le présent, et parce que nous sommes dans une lutte acharnée, nous devons bénéficier de tous les facteurs utiles, mais sans nous tromper ni dévier du chemin des croyants , et sans altérer, exagérer ou négliger, Allah Tout-Puissant a dit (sens du verset) : ﴾Ceci ne dépend ni de vos désirs ni des gens du Livre . Quiconque fait un mal sera rétribué pour cela, et ne trouvera en sa faveur, hors d’Allah, ni allié ni secoureur.﴿
Ce n’est pas le lieu de discuter de la justesse de ce que fait Erdogan dans l’équilibre de la charia ou d’étudier la faisabilité du projet turc d’un point de vue stratégique, cela nécessite plutôt une étude détaillée et une lecture plus pointue selon les données et les preuves. Ce n’est pas le lieu ici, mais le but est de clarifier la jurisprudence en traitant de la victoire de cette homme en Turquie avec modération, sans aller trop loin dans un état d’auto-tromperie et induire en erreur les musulmans, ou décrire sa victoire comme l’établissant de la loi d’Allah sur terre, ainsi qu’une solution à tous leurs problèmes ! D’autant plus que le projet turc se vante de la laïcité et de la démocratie, la réclame, la soutient et se bat pour l’implanter dans d’autres pays, comme on a vu la participation de l’OTAN à ses guerres contre les pays musulmans en soutien à cette misérable démocratie. Et il reste que donner des pouvoirs aux musulmans sous un régime laïque souple n’est pas différent de donner des pouvoirs à n’importe quelle religion en Turquie, car ils agissent avec une politique pragmatique.
Nous ne sous-estimons aucun travailleur musulman fidèle à sa religion et à sa nation – qui place ses espoirs dans le projet turc – véritablement ou sans effort, partout dans le monde, mais nous aimons l’honnêteté et la clarté, car les signes de la vérité ici sont clairs, et se laisser guider par les autres est égarement et futilité.
La consultation est une confiance, et je ne peux pas vous mentir ni vous tromper. La religion d’Allah Tout-Puissant, c’est des principes et des règles inviolables, surtout lorsqu’il s’agit des grands sens du monothéisme et d’œuvrer selon ses exigences. Quelles que soient les justifications pour soutenir le projet turc, nous ne pouvons pas justifier la laïcité ou la démocratie, ni dire que c’est permis, ni encourager les gens à le faire, car c’est une trahison de la confiance de la religion et de la direction de la prophétie, c’est une contestation de l’ordre d’Allah, c’est un jugement de la Jahiliya (le temps de l’Ignorance antéislamique), cela ne fait aucun doute.
﴾Est-ce donc le jugement du temps de l’Ignorance qu’ils cherchent? Qu’y a-t-il de meilleur qu’Allah, en matière de jugement pour des gens qui ont une foi ferme?﴿ (sens du Coran 5:50)
Ce qui est licite est clair, et ce qui est illicite est clair, cette religion nous guide et nous la suivons, nous ne transigeons pas sur ses principes et ses constantes, nous ne forçons pas ceux qui n’y croient pas à y croire, mais c’est ce que nous devons à Allah Tout-Puissant, et c’est à cela que nous appelons, et même si nous n’assistons pas à la réalisations du rêve de la nation islamique durant nos vies, il sera réalisé par ceux qu’Allah Tout-Puissant a choisis, inébranlables, ne changeant pas, car c’est une promesse de vérité que nous n’atteignons pas en diminuant le prestige de la religion ou en la changeant, mais plutôt en restant ferme sur ce sur quoi était la génération unique et les premiers précurseurs, un serment d’allégeance et une alliance de sincérité et de fidélité jusqu’à ce que nous rencontrions Allah là-dessus. La victoire vient d’Allah Tout-Puissant et non de nous-mêmes. Heureux ceux qui sont à l’abri de tout polythéisme et de toute hérésie !
En conclusion, cette religion n’est pas basée sur les épaules des dépréciateurs, c’est ce que je crois, mais elle est plutôt basée sur les épaules des personnes déterminées, et nous avons besoin de gens déterminés, celui qui est déterminé, aussi négligent soit-il, n’hésite pas à répondre à l’appel de la vérité et ne justifie pas ses manquements, car il espère la miséricorde d’Allah et ce qui est en possession d’Allah Tout-Puissant.
Cette religion n’a pas besoin des gens, ce sont plutôt les gens qui en ont besoin, alors ne dévalorisez pas la religion d’Allah pour les caprices et les aspirations trompeuses !
﴾Bientôt vous vous rappellerez ce que je vous dis; et je confie mon sort à Allah. Allah est, certes Clairvoyant sur les serviteurs.﴿ (sens du Coran)
Allah sait le mieux, et qu’Allah nous guide vers ce qu’Il aime et ce dont il est satisfait.